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Septembre 2015 - L'exaltation de la Croix

Dom Jean Prou, homélie de 1974

Le premier effet de notre adhésion à la croix dans notre vie sera peu à peu de purifier notre cœur et de lui permettre d’arriver à posséder la paix, le saint repos, au sens que les auteurs spirituels connaissent bien, et qui déjà met l’âme sur le seuil de la contemplation.

Si nous regardons au-delà de nous-mêmes et de nos intérêts personnels, même spirituels, comme il est bon qu’une âme généreuse sache souvent faire, alors nous constatons, avec joie et ravissement, que la croix manifeste la puissance du Christ : c’est par la croix qu’il s’est acquis chèrement la victoire. Le crucifié n’est plus un objet d’ignominie : il est celui qui a mérité sa glorification et qui, dans son triomphe, entraîne avec lui tous ceux qui, par le fait du péché, étaient détenus captifs : « Il a emmené la foule des captifs » (Ps 67, 19).

Oui, par la croix, le Christ a vaincu, et sa victoire est le salut du monde : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 32). La croix est comme un arbre, et les fruits qu’elle produit portent les noms savoureux de rédemption, de salut, de résurrection, d’exaltation, de glorification.

Il en a été ainsi pour le Christ ; ses procédés ne changent pas : il en doit être de même pour nous. Si nous voulons être glorifiés avec lui, il nous faut d’abord souffrir avec lui.

Nous ne devrions donc pas hésiter un instant à embrasser avec joie cette croix bienheureuse : quelque chose des ardeurs de l’apôtre saint André devrait brûler notre âme : « Ô bonne croix, depuis longtemps je te désirais de toute mon âme, je viens à toi dans la joie », quelque chose surtout des désirs du Seigneur lui-même : « j’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous ».

Désormais, pour nous, la croix – ignoble instrument du supplice des esclaves – se confond avec le Seigneur crucifié, et elle a reçu de lui la noblesse et la beauté. l’instrument de mort est devenu instrument de triomphe et de vie. Tout cela devrait être bien propre à nous la faire aimer et embrasser ! Oui, la nature peut éprouver une crainte, une peur et un effroi devant la croix : demandons au Seigneur la grâce de reconnaître notre faiblesse et de nous aider à porter la croix dans la joie de faire sa volonté.