La Sainte Épine
La tradition rapporte qu’à son retour de la première croisade, un certain Raoul (ou Rodolphe), de la famille des seigneurs de Sablé, fit don de la relique de la Sainte Épine au monastère de Solesmes, fondé par son aïeul Geoffroy. Cette relique de la Passion du Christ fut précieusement conservée par les moines au cours des siècles et la coutume s’établit de la vénérer le lundi de Pâques.
En 1496, les religieux décidèrent d’édifier dans leur église un ensemble monumental représentant la Mise au Tombeau du Christ, afin de mettre en valeur la relique, le jour de son exposition solennelle. À l’époque moderne, la dévotion populaire pour la sainte Épine ne faiblit pas et on continua de lui attribuer grâces et miracles. Aussi lorsque la Révolution française eut chassé les moines, il se trouva trois fidèles paroissiens de Solesmes pour sauver la relique, la cacher et la remettre à un prêtre réfractaire clandestin.
À la fin des persécutions, la relique fut de nouveau offerte à la dévotion des fidèles, et lorsque Dom Guéranger entreprit de restaurer la vie monastique bénédictine en 1833, le curé de Solesmes la rendit aux moines. En 1859, la Sainte Épine fut placée dans un nouveau reliquaire et l’on reprit la coutume de l’exposer solennellement le lundi de Pâques. Expulsés de leur monastère, puis contraints à l’exil en Angleterre en 1901, les moines emportèrent avec eux la relique. Depuis leur retour en 1922, l’usage antique de sa vénération le lundi de Pâques a repris et continue d’attirer chaque année de nombreux chrétiens dans l’église abbatiale de Saint-Pierre de Solesmes.